Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/161

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disait-il, et trois filles, une de huit, dix-huit et vingt-cinq ans. L’aînée était mariée. Il paraissait les aimer tendrement, car il versait d’abondantes larmes à leur souvenir ; il conservait peu d’espoir de les revoir un jour ; je dois même dire que mon compagnon d’infortune ne croyait aucunement à notre délivrance. Toutes les fois que je le questionnais sur les mœurs des pirates, il me répondait toujours qu’ils aimaient à couper des têtes.

À ce point de la conversation, je m’arrêtais avec un certain frissonnement, car je savais par ouï dire combien le sang était répandu à profusion dans cet abominable pays, même de par la loi. Ainsi la peine capitale est une mort des plus douces comparée aux supplices qui s’exécutent chaque jour dans le Céleste-Empire. Un criminel ou condamné politique est jeté parfois dans un cul de basse fosse jusqu’à ce qu’il y pourrisse, qu’il y meure de faim ; une victime doit-elle être étranglée, on lui crève les yeux, on lui coupe les oreilles, comme si la strangulation elle-même n’était qu’une légère punition. Un autre, on l’écorche vif ou on l’enterre presque vivant. Celui-là, on broie ses membres ou bien on