Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tournaient alternativement vers nos ennemis qui fuyaient et vers le steamer qui nous apportait sans doute la délivrance. Je joignais les mains en les serrant avec ivresse, mon cœur se dilatait, je jetais dans l’air des exclamations bruyantes, je prononçais des paroles incohérentes ; enfin je regardais dans la montagne, je regardais le steamer ; j’aurais voulu, comme dans un conte de fées, m’y trouver transportée. Cependant, aucune embarcation ne se détachait pour venir à notre rencontre ; mes pieds ne tenaient plus en place. Je jetai la vue vers la pointe de terre près de laquelle le steamer semblait rapproché, et je dis à Than-Sing « Allons là-bas, ils nous apercevront peut-être ; il n’y a qu’un peu d’eau à traverser, nous ferons comme les pirates ; venez ! venez ! » Je ne voyais que la distance, je ne mesurais pas la difficulté. Mais Than-Sing me répondit : Non, c’est inutile, ils vont venir. — Ils vont venir ! » disais-je. Puis j’attendis une minute, et, cette minute passée, je répétais les paroles que j’avais dites un instant avant, et Than-Sing me répondait avec son flegme habituel : « ils vont venir, calmez-vous, ils vont venir. » Ce sang-froid m’exaspérait ; je ne comprenais pas