Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/192

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qu’il nous fit perdre un temps précieux, en n’allant pas au-devant du secours que le ciel nous envoyait. Je tentai une dernière fois de le persuader. « Écoutez, lui dis-je, prenons le petit canot ; il me semble qu’avant une heure d’ici, nous pourrions aborder le steamer. Songez donc, si les pirates allaient revenir nous faire prisonniers, ce serait la mort cette fois ! Venez. Voulez-vous ? Je vous en supplie ! » Et je regardais le steamer avec avidité. — « Non, me répondait-il toujours avec le même calme, c’est un steamer ; attendons ; je vous dis qu’ils vont venir. » J’étais désespérée ; c’était la première fois qu’il s’élevait un débat entre nous deux. Si j’avais su nager, je crois que j’aurais eu le courage de me jeter à la mer pour tenter de me sauver. Je regardais le petit canot avec envie. Mon salut ne me paraissait véritablement assuré que lorsque je ne foulerais plus ce plancher de malheur. Je me dirigeai vers l’arrière de la jonque, où il était amarré, et je l’examinai comme mon unique ressource ; je ne tremblais pas à l’idée de me voir seule au milieu des flots, je me demandais simplement si je serais assez forte pour le conduire ; je me sentais le courage du désespoir, surtout lorsque je