Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/193

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portais mes regards vers la montagne, sur le versant de laquelle quelques pirates apparaissaient encore.

Tout à coup, Than-Sing me saisit le bras en m’arrêtant dans ma pantomime désespérée : « Tenez, regardez, regardez là-bas ! me dit-il ; voyez-vous trois canots ? » Je tournai les yeux dans la direction qu’il m’indiquait, et je vis, en effet, trois canots, lesquels après avoir fait un circuit, semblaient se diriger vers nous. Je suivais avec anxiété leur marche progressive, une idée subite me vint. Je me dépouillai de mon premier vêtement, et je l’attachai en toute hâte au bout d’un long bambou pour attirer l’attention de l’équipage du steamer. Je me disais au milieu de mes transports de joie : « Nos yeux nous trompent peut-être : ces canots qui paraissent venir à nous ne peuvent-ils pas tout à coup changer de route ? Alors, courant à l’arrière de la jonque, qui était le point le plus en vue, je me mis à agiter avec frénésie mon signal improvisé, puis je le fixai bien vite entre deux planches. Quelle émotion ! mon cœur battait avec tant de violence, qu’en quelques instants j’avais épuisé mes forces. Il n’y avait plus à en douter, on venait pour nous sauver. Notre jonque était