Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’arrête à Aden. À cet endroit, on prend encore du charbon ; rien de plus désolé que cette terre aride sur laquelle on ne rencontre que des habitations misérables. Les naturels, comme des troupeaux de mendiants, nagent des heures entières autour du steamer, guettant, se ruant les uns sur les autres pour la moindre pièce qu’on leur jette. Ils sont d’une horrible laideur ; leur chevelure est laineuse comme celle des nègres, et de diverses couleurs. Aden est, en somme, une fort malheureuse contrée.

Après sept jours de navigation dans la mer Rouge, nous arrivâmes à Suez ; je débarquai avec un véritable plaisir. Le parcours de l’isthme se fait dans les diligences qui sont traînées par de mauvais chevaux, qu’on est obligé de relayer toutes les deux lieues. Les bagages et les marchandises suivent à dos de chameaux ; les conducteurs qui font le service du désert sont presque tous borgnes. Une quantité innombrable de mouches voltigent sans cesse autour de ces malheureux et s’attachent impitoyablement à leurs yeux, qu’elles semblent ronger ; on dirait que ces vilaines bêtes travaillent sur des matières pourries. Des carcasses de chameaux, que l’on rencontre