Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/50

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nous eûmes le spectacle, encore plus triste, de voir les malheureux habitants qui cherchaient, au milieu des ruines fumantes, le moindre vestige de leurs biens.

Lorsqu’on a quitté Shasta-City en remontant vers le nord, comme pour gagner l’Orégon, on traverse une contrée montagneuse qui sert de repaire à d’énormes ours couleur fauve ; l’un d’eux me causa une frayeur dont je me souviendrai toujours. Je m’étais attardée à la suite de mes compagnons ; la mule qui me portait avait insensiblement ralenti son pas, et je ne songeais nullement à activer sa marche, me laissant aller à une somnolence causée par la fatigue et l’extrême chaleur du jour ; tout à coup, j’aperçus à vingt pas de moi un ours de haute taille qui débouchait d’un fourré en balançant sa tête avec une tranquille assurance ; il semblait vouloir traverser la route où je cheminais. Ma frayeur fut telle en découvrant cet animal, que je ne pus même pas pousser un cri d’alarme ; les rênes s’échappèrent de mes mains, mes yeux se fixèrent sur ceux de l’ours avec stupeur ; le sang me monta au cerveau, et je restai comme frappée de paralysie ; mais il se con-