Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/60

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une caravane de ces pauvres bêtes chargées de marchandises, et que des muletiers conduisaient. Nous reconnûmes leur approche par le son des clochettes qu’elles portent à leur cou, et dont les différents timbres produisent une harmonie étrange. Elles commençaient ainsi que nous à gravir ces gigantesques montagnes Rocheuses. Qui n’a pas vu ces chemins tortueux, raboteux, sans aucune trace dans le roc, ne peut avoir la plus simple idée des difficultés, des dangers qu’il y a à les parcourir. Nous nous trouvâmes après plusieurs heures de marche au-dessus d’abîmes si profonds, qu’ils nous eussent donné le vertige si notre regard eût osé en sonder la profondeur. Nous avancions lentement en suivant la ligne étroite d’un sentier qui ne permettait qu’à une personne ou à une mule de passer à la fois. Si le pied manquait, on roulait infailliblement avec elle à plus de deux ou trois mille pieds. Les sombres vapeurs qui nous enveloppaient, le sentiment du danger que nous courions au moindre faux pas, l’éloignement de toute habitation, tout remplissait mon âme d’une sorte de crainte religieuse. On tente quelquefois vainement de prier dans une église ; la prière vient d’elle-même