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Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/90

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d’une singularité ; nous étions quatre personnes de nation différente ; le capitaine était Anglais, le subrécargue, comme je l’appellerai dorénavant, était Américain, Than-Sing, Chinois, et moi Française. Je rappelle avec intention cette particularité pour donner une idée des difficultés que devait nous apporter en un péril commun cette différence de langage. Than-Sing parlait l’anglais comme moi-même, c’est-à-dire un peu, mais aucun ne parlait français ; on verra plus tard comment Than-Sing, qui seul parlait chinois, devait nous rendre d’inappréciables services.

Notre équipage se composait de dix-sept hommes de différentes nations.

Le lendemain matin de notre départ, je fus réveillée désagréablement ; une grande agitation régnait à bord, des pas précipités retentissaient sur le pont. L’inquiétude me fit lever, je m’habillai à la hâte, et je sortis pour voir ce qui se passait. Le navire était en panne, un matelot venait de tomber à la mer ; on apercevait sa tête au milieu des vagues à une distance très-éloignée déjà. Le malheureux nagea vingt minutes au moins avant qu’on pût, à l’aide de cordes, le hisser sur le pont. Ses camarades lui donnèrent de