Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/93

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l’arrière et retourné brusquement sur lui-même sans que son gouvernail pût lui imprimer de direction, le Caldera menaçait à chaque instant de s’engloutir ; il y avait à peine deux heures que la tempête s’était déclarée, que déjà c’était un vrai désastre : le mât d’artimon et le grand mât étaient plus d’à moitié brisés, deux canots secoués dans leurs liens avaient été emportés à la mer. Tout se brisait à l’intérieur ; la mer entrait à profusion par les sabords ; chaque vague qui s’engouffrait dans la dunette produisait le bruit d’une écluse ; les bois craquaient de tous côtés.

Le capitaine se présentait de temps en temps à la porte de ma cabine pour dissiper mes inquiétudes. Ses cheveux étaient collés sur son visage, ses vêtements ruisselants d’eau. « Vous avez peur, me disait-il avec une brusquerie bienveillante. Non, répondais-je en essayant de dissimuler ma frayeur. » Mais la pâleur de mon visage trahissait mes craintes ; car il hochait la tête avec un air de doute, tout en allant surveiller les manœuvres.

Je dois avouer que j’étais dans des transes mortelles. Tout dans ma cabine était renversé, jeté pêle-mêle. Mes pauvres petits oiseaux, que j’avais avec