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Page:Lozeau - Le Miroir des jours.djvu/185

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LE MIROIR DES JOURS


ANDRÉ CHÉNIER


 
Lorsque le grand Chénier monta sur l’échafaud
Pour avoir écrit : Mort aux tyrans, honte aux crimes !
Chaque degré gravi du pas fier des victimes
L’approchait de la gloire en l’élevant plus haut !

Son front harmonieux roula sous le couteau,
Son beau front noble encor des poèmes ultimes,
Et sa forte pensée, habituée aux cimes,
S’envola d’un coup d’aile en laissant un écho.

« Souffre, ô cœur gros de haine, affamé de justice ! »
Ah ! que ce cri sublime à jamais retentisse
Dans les âges lointains de la postérité !

Qu’il nous soutienne aux jours d’opprobre et d’infamie
Quand, bravant la fureur de la horde ennemie,
Il nous faudra plus haut clamer la vérité !