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LE MIROIR DES JOURS


Je suis mon seul amour. Je suis grand. Je suis digne.
S’il est quelqu’un meilleur, c’est qu’il existe un Dieu !
Et mon être est marqué, comme l’élu, d’un signe
Tel qu’on en voit la nuit briller dans le ciel bleu !

Vanité ! vanité ! ― Ta poussière superbe
Qui s’aime et se contemple, un vent l’emportera !
Et, comme après l’été splendide le brin d’herbe,
Ton corps, ton pauvre corps lentement pourrira !

Vanité des beaux yeux et vanité des lèvres,
Et vanité des mains où l’on s’est caressé !
Que restera-t-il donc des frissons et des fièvres
Quand l’agonie horrible et longue aura passé ?

La terre confondra dans une même fange
L’humble et celui qui fut de son âme orgueilleux,
Et rien n’apparaîtra sur leurs tombes d’étrange ;
Ils dormiront égaux et pareils sous les cieux.