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LE MIROIR DES JOURS

Et l’on sent, angoissés, frissonnants et nerveux,
Monter subitement des larmes dans nos yeux…

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C’est une voix étrange et lointaine que celle
Qui chante humainement en toi, violoncelle,
Qui tremble, sourde et douce, et vibre longuement
Et qui ne paraît pas venir d’un instrument !
Claire et voilée, intime et large, elle ressemble
Aux arbres des forêts qui murmurent ensemble
Et qui, mêlant leurs bras et leurs voix sous les cieux,
Font un grand bruit ému qui monte harmonieux !
Son accord vaste et doux emprisonne l’espace ;
Toute la profondeur est dans sa note basse ;
Et toute la tendresse et la suavité, —
Brises de mai, ruisseaux errants, soupirs de femme, —
Passent comme un bonheur fragile dans notre âme,
Lorsque la corde claire et sonore a chanté !