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LE MIROIR DES JOURS


Et la pensée en pleurs songe sur un tombeau…

C’est un jour condamné, comme un enfant trop beau,
Tardivement venu contre toute espérance,
Et qui meurt en laissant aux yeux sa souvenance.
Dans la procession des jours, jour attardé
Par le plaisir de s’être vu tant regardé,
Quand il passait joyeux par les champs à l’automne,
Derrière ses aînés graves et monotones.
Le voilà solitaire au seuil du rude hiver,
Insouciant, comme il marchait sur le sol vert !
Mais c’en est fait déjà de cette douceur grise :
Le soir prompt et la nuit, procédant par surprise,
Ont cueilli le beau jour vagabond qui riait.

Et l’enfant pâle meurt en l’infini muet…