Page:Luís Fróis et al. - Lettres du Iappon - 1580.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
dv Iappon.

aydez, & fauoriſez du Roy, d'autant plus au contraire auons nous touſiours eſté mal-voulus, & moleſtez de la Royne, laquelle de pluſieurs eſt appellee Ieſabel, par ce qu'elle n'eſt en rien diſſemblable à icelle, ſi vous regardez la haine que elle porte aux choſes appartenantes à l'honneur de Dieu, & l'effort qu'elle fait de reculer l'accroiſſement de noſtre foy. Elle à ſollicité le Roy en toute extremité, que les peres de la Compagnie fuſſent chaſſez de ſon royaume, & auec eux tous les Chreſtiens, leur mettant ſus, que c'eſtoit vne ſecte de grand preiudice à l'eſtat, & fort abominable : mais le Roy facilement confutant ce qu'elle propoſoit, la reprimoit, & luy diſoit : Auant que ces peres vinſent icy, ie n'eſtois ſeigneur d'autre, que de ce royaume de Bungo : & maintenant ie porte la coronne de cinq royaumes : & vous, qui au parauant eſtiez ſterile, auez à preſent ſix ou ſept fils ou filles, & richeſſes en abondance. Parquoy iamais, tant que ie viue, ie ne lairray de fauoriſer à tous les Chreſtiens. Ceſte bonne Royne à vn ſien frere appellé Cicacatà, qui eſt la ſeconde, ou troiſieſme perſonne de ce royaume, tant en nombre de ſubiets, qu'en puiſſance & richeſſes : Ceſtui-cy n'ayant point d'enfans, qui puiſ-