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qui a déjà trouvé un écho dans la presse. Quelques-uns des malades hystériques qui se trouvaient à la Salpêtrière dans la clinique de M. Charcot et qu’il traitait par l’hypnotisme, vinrent le matin même de sa mort demander au directeur s’il n’était rien arrivé à leur cher docteur : ils l’avaient vu mort dans le courant de la nuit et ils en étaient profondément bouleversés.

À ceux que la destinée avait favorisés d’un rapprochement avec M. Charcot et qui purent le connaître sous son double aspect d’activité publique et de vie privée, sa fin prématurée causa l’impression d’un malheur immense, d’un coup de foudre. Chacun de nous sait probablement, par une cruelle expérience, combien une impression soudaine qui vient frapper le cœur fait oublier le présent et, nous ramenant subitement dans le passé, évoque les souvenirs les plus lointains.

J’ai eu le bonheur spécial, durant ces vingt dernières années, d’être un témoin rapproché de tout ce que M. Charcot a fait pour le bien de l’humanité. À peine remis de la première et foudroyante impression, lorsque je sentis naître en mon âme le désir de raconter tout ce dont j’avais été témoin, je sentis aussi toute l’insuffisance de ma plume à l’exprimer. Je me rappelais involontairement l’époque de mes études au Gymnase et les cours de littérature russe, quand on nous fit étudier la fameuse « Parole du Vendredi saint » du célèbre prédicateur l’archevêque Innokenty,