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personne. Stupéfait, le cocher, qui l’avait amenée et qui se rappelait comment on l’avait emportée de chez elle une demi-heure auparavant, la voyant marcher et parler, ôta respectueusement son chapeau et fit le signe de la croix.

L’empressement plein de cœur et d’humanité de M. Charcot auprès de ses malades contribuait à le populariser et à lui assurer le succès de ses cures ; aussi ses salles de réception, tant chez lui qu’à la Salpêtrière, étaient-elles toujours remplies de monde. Dans cette dernière, le chiffre des malades atteignait celui de cinq mille par an, et encore ne s’occupait-il que des cas particulièrement graves et compliqués. Les malades, ce qui est surabondamment prouvé par leur nombre, avaient en lui une confiance absolue et lui témoignaient un amour qui touchait à l’adoration.

Par suite de sa spécialité, les dégénérés formaient un contingent considérable parmi ceux que M. Charcot était appelé à traiter. Parmi ces individus à l’esprit et à la morale estropiés non seulement dès leur naissance, mais même auparavant, par hérédité ascendante — de par leur démangeaison psychique à se mêler de tout, de juger tout à un point de vue faux, on entendait de temps à autre des jugements contraires à l’opinion générale, jugements tout personnels. Ainsi, l’on disait par exemple que M. Charcot s’occupait plus de l’étude des maladies que de leur traitement. Cependant, on essayait à la clinique, sous sa propre