Page:Luce - Chronique du Mont Saint-Michel (1343-1468), tome 1.djvu/17

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Servon, mort le dernier février 1386 (a. st.). Plus loin, la mort de ce même Pierre le Roy est mentionnée à la date de 1410 (a. st.). Tandis que le chroniqueur consacre à peine une ligne ou un mauvais vers latin à rappeler les plus grands événements du règne de Charles VII, il n’oublie pas de mentionner qu’en 1420, le Couesnon, rivière qui se jette dans la baie du Mont-Saint-Michel, s’est détourné de son cours, et que, le 20 septembre 1421, l’église du Mont s’est écroulée. Plusieurs faits y sont datés, soit de la Saint-Aubert, c’est-à-dire du 18 juin, jour anniversaire de l’exhumation des restes de saint Aubert, évêque d’Avranches, trouvés miraculeusement au Mont en 966[1], soit de la Saint-Michel d’octobre, en d’autres termes, du 16 octobre, en souvenir de la première apparition de l’archange saint Michel à saint Aubert qui aurait eu lieu en 708[2].

Outre que ces deux fêtes sont particulières au diocèse d’Avranches, les annalistes du Mont-Saint-Michel devaient affectionner d’autant plus cette manière de dater que la Saint-Michel d’octobre et la Saint-Aubert rappelaient deux miracles dont l’un avait présidé à la fondation de leur abbaye et dont l’autre se rapportait à son vénéré fondateur. Enfin, les principaux faits de guerre dont les alentours de la célèbre abbaye et même l’Avranchin tout entier ont été le théâtre pendant l’occupation de la Normandie par les

  1. La mort de saint Aubert est rapportée généralement au 10 septembre 723.
  2. Dom Jean Huynes, Histoire générale du Mont-Saint-Michel, publiée par E. de Robillard de Beaurepaire, I, 12, 13, 40.