Page:Luchaire - Inauguration de l’Institut Français de Florence.djvu/24

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« Le second pas est cet Institut français qui s'inaugure aujourd'hui à Florence. On le doit surtout à l'initiative de M. le professeur Julien Luchaire, admirablement secondé, qu'on me permette de le dire, par l'énergie intelligente et patriotique de son aimable femme. Il y a quelques années déjà que les élèves du professeur Luchaire venaient continuer leurs études italiennes auprès de notre Institut Supérieur. Il s'agit maintenant d'initier une nouvelle école, qui sera comme l'anneau de conjonction entre les Italiens et les Français, un instrument d'aide mutuelle.

« Le fait, Messieurs, par lequel le progrès des études italiennes à Grenoble a produit comme conséquence naturelle une diffusion des études françaises en Italie, mérite toute notre attention. Il prouve, ce me semble, la grave erreur de ceux qui, pour maintenir intacte l'originalité de l'esprit national d'un peuple, croient qu'il est nécessaire de le tenir éloigné du contact avec les autres peuples, de peur qu'il ne se corrompe. C'est précisément le contraire qui est vrai. Si un peuple a vraiment son originalité propre, du contact avec les autres peuples sortiront pour lui de nouveaux éléments de vie qu'il transformera en substance de son esprit. Les gouvernements passés le comprirent. C'est pourquoi ils cherchèrent toujours à nous endormir, à nous stériliser en nous tenant éloignés des autres peuples. La nouvelle liberté, au contraire, nous poussa à répandre avec ardeur, parmi nous, la culture classique, qui élargit notre horizon, en nous faisant vivre dans un monde idéal, différent du nôtre et duquel le nôtre est dérivé, et en nous reconduisant ainsi presque aux sources primitives de notre vie intellectuelle. Ensuite s'est vivement développé chez nous le désir d'étudier les langues et les littératures modernes, d'avoir des Facultés de langues étrangères et de sortir ainsi de nous-mêmes; de vivre un moment la vie des autres peuples pour apprendre à vivre mieux et plus complètement la nôtre. Je n'ai pas besoin de vous rappeler ici que parmi toutes les langues et littératures étrangères, les plus nécessaires pour nous sont celles du peuple français, avec lequel tant de fois nous mêlâmes nos pensées, nos idées, notre sang.

« C'est pourquoi nous accueillons comme un signe heureux pour nous et pour les autres peuples la fondation de nouvelles écoles étrangères.

« Nous avons vu surgir avec plaisir à Florence, qui est le vrai berceau de la culture nationale, une école allemande, consacrée à