Page:Luchaire - Inauguration de l’Institut Français de Florence.djvu/8

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élite du lendemain, coudoie les pères de la patrie ; où les deux capitales, et avec elles la province de nos deux pays, ont envoyé des représentants de marque, comme pour nous donner la bienvenue et nous souhaiter le succès?. . . J'ai l'impression, Messieurs, et je sens que vous êtes dans la même pensée, j'ai l'impression que, si modestes que soient les débuts de l’œuvre que nous voulons accomplir, elle renferme en germe une grande chose, puisque, dans notre vœu, elle doit être un lien intellectuel de plus entre nos deux pays, un moyen de nous mieux connaître et ainsi de nous mieux apprécier !

« Et si je ne m'abuse sur votre sentiment, vous comprenez, n'est-ce pas, que je poursuive et vous dise qui nous sommes et ce que nous voulons ?

« Ce qu'est l'Université de Grenoble et comment elle vient à Florence ? j'ai grand plaisir à vous l'expliquer.

« Grenoble, au site merveilleux, capitale de ce Dauphiné qui a donné au monde le signal de la Liberté, Grenoble doit, à sa fonction politique d'autrefois, d'être demeurée le siège d'une Université. Petite Université ?— Ce fut vrai naguère encore, et elle était considérée comme devant rester telle par les arbitres de nos destinées, qui hésitèrent avant de la maintenir, jusqu'au jour où la volonté tenace de M. Liard rétablit en France, avec leur nom, l'esprit des Universités. Comprimée entre des émules puissantes par leurs traditions et par leurs ressources, elle semblait condamnée à s'étioler et à périr. Mais, grâce à la générosité de la Ville, à l'admirable dévouement des professeurs, à l'aide si avertie du Directeur de l'Enseignement supérieur, M. Bayet, l'Université de Grenoble a su vivre, grandir et prospérer : elle a « étendu les ailes au delà de son nid ! »

« Elle correspond aujourd'hui à la très moderne conception des Universités, en ce sens que, si elle a conservé tout l'appareil classique, aux traditions respectables et glorieuses, elle a établi tout autour les institutions réclamées par le progrès : elle s'est largement ouverte sur le dehors, au lieu de continuer à vivre dans une sorte de recueillement. Ne pouvant tenir à l’œuvre coutumier — et sans risques — des disciplines purement littéraires et scientifiques, comme un soldat de fortune, elle est allée de l'avant « sans rien craindre ». Tout en se gardant de laisser affaiblir chez elle les enseignements