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UN CONCERT DANS LA FORET

Je m’étais égaré — J’étais enlacé de montagnes,

de vallons, de précipices, de bois ; j’avais à choisir entre vingt sentiers croisés, sentiers trompeurs, tracés à dessein par une main inconnue ; ils aboutissaient tous à des rochers taillés à pic comme des remparts, et dont les touffes de saxifrages, agitées au vent, semblaient rire de mon embarras. Le soleil était près de se coucher, je ne pouvais m’orienter sur son cours ; de Fiautes collines me dérobaient l’horizon du couchant.

Avançant, reculant, et surtout m’arrêtant, je me trouvai compromis dans un massif de pins grêles, qui paraissaient avoir été écaillés par des doigts de fer ; cela me fit frémir. Je me demandai la raison de mon frémissement, et je ne me répondis pas. Mon silence m’alarma davantage ; je tâchai de me rappeler une chanson. J’en sais mille ; pas une ne me vint à l’esprit ; je n’avais dans l’oreille que le chant du cor de l’ouverture de Weber et l’épouvantable unisson de ré bémol à’Euryante : « Chasseur égaré dans les bois. » Le