Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/128

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on les repoussait comme des spectres hideux, on les écoutait avec ravissement ou terreur, comme la voix d’une amie ou le cri d’un démon. Le chœur babylonien était terminé, et la vallée le chantait encore ; les mille échos, pris au dépourvu par la rapidité du chant final, avaient des flots de notes en réserve à rendre à l’orchestre muet. La montagne, les bois, les pics, les cavernes, ces puissants choristes, continuaient l’hymne que les faibles voix humaines avaient achevé ; jamais Rossini n’eut des interprètes plus grands, plus dignes de lui : le chef d’orchestre, l"œil en feu, la poitrine haletante, l’archet levé vers la montagne, semblait conduire encore l’orchestre des échos. Puis un grand cri se fit entendre ; jamais les hommes n’ont entendu pareil cri depuis la nuit formidable où les cieux voilés laissèrent tomber sur la terre ces mots : « Le grand Pan est mort !… »

MERY