Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/158

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confus et doux, étranges et mélodieux ; on parlait à voix basse, ou plutôt on chantait du bout des lèvres, et je m’imaginai que ce pouvait être le chant ordinaire des fantômes. Pierre Marcou entendait comme moi, sans doute, cette agitation, ce sautillement, ces mélodies, ces demi-mots, ces demi-soupirs, ces demi-notes, ces murmures, qui babillaient et fredonnaient à la fois. Il me dit, en secouant avec sa canne les branches d’un arbre :

— Ce ne sont que des fées qui jouent avec les nymphes ; allons plus loin !

Les fées invisibles de Fontainebleau me rappelèrent le livre dont je parlais il y a un instant ; j’essayai de flatter l’imagination poétique du Chasseur d’ombres avec un peu de mémoire et de science.

— Vous avez peut-être raison, lui répondis-je, il y a des fées daDS toutes les forêts : « Raymondin rencontra Mélusine dans celle du Colombier, en Poitou ; c’est dans celle de Léon, en Bretagne, que Gugemer trouva la fée qui joue un si grand rôle dans sa mystérieuse aventure ; c’est dans une autre forêt que Graelent vit la fée qui l’enleva de son séjour d’Avallon ; on connaît les féeries de la forêt de Brecheliande, où résidait l’enchanteur Merlin ; eu Lorraine, un petit bois porte le nom de Haie des Fées ; h Roche aux Fées se trouvait jadis dans la forêt du Teil ; c’est au pied des arbres que les fées aiment surtout à se montrer. »

Pierre Marcon me remercia par un sourire qui avait