Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/249

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d’en voir, la tête cachée dans quelques feuillages ou dans quelques genévriers, et le corps étendu au soleil. Alors, je viens doucement, très-doucement, car, au moindre bruit, elles s’enfuient : je leur pose la fourche de mon bâton sur le cou, en appuyant légèrement, puis je les prends à la main, ayant soin de serrer un peu, de manière à les faire bâiller, et c’est fait. J’en ai quelquefois manqué au soleil levant que j’attrapais au soleil couchant. Mais nous voici arrivés, je ne vous engage pas à descendre le ravin avec moi. —Vous faites tout aussi bien, car quand même vous m’y engageriez, j’ai eu assez peur tout à l’heure.

Il y avait un quart d’heure environ que Guérigny cherchait, je le suivais… du regard ; il me fit signe. Je descendis un peu et vis une assez grosse vipère, roulée en spirale ; la tête.reposait sur les anneaux formés par le corps. Guérigny en était bien près ; il se tenait d’une main à un tronc de genévrier, l’œil fixé sur la vipère, qui de temps en temps dardait sa langue, mais sans rien perdre de son immobilité. — Je me suis trouvé dans ma vie en présence de quelques dangers sérieux et personnels, je n’ai pas senti mon cœur battre plus fort qu’à ce moment. Guérigny n’avait plus son bâton ; après s’être baissé de façon à avoir la main à la portée de la vipère, il fondit sur elle et remonta triomphant. J’avais la sueur froide ! 11 tenait le cou de la vipère entre le pouce et l’index et, avec une petite branche, il me faisait voir les crochets venimeux et