Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/28

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Puis venait la calomnie, cette rouille des existences honorables. Aimant, croyant, enfant comme il est, reconnaissant de la plus chétive justice rendue à son infatigable courage, il lui arrivait de donner votre nom. passant, à quelqu’un de ses arbres ou de ses rochers. Un pauvre esprit d’artisan qui est mort, poëte à pou près, et envieux par la grâce d’un académicien quelconque, s’avisa là-dessus d’insinuer comme quoi notre ami vendait pour de l’argent des rochers et des chênes à la vanité de chacun. Denecourt trafiquant de la nature ! D’autres, animaux répétiteurs, s’en allaient caquetant qu’il prostituait les beautés de Fontainebleau ; si bien que le conservateur dut lui dire un jour avec gravité : « Monsieur Denecourt, pourquoi baptisez-vous donc ainsi ce que renferment les forêts de la couronne ? »

Un de ses chagrins les plus vifs lui vint par les peintres, nos frères en ton amour cependant, ô ma belle forêt ! Seuls possesseurs jusqu’à lui de ces retraites divines, ils s’y étaient fait une vie charmante de commodités bohémiennes et de conventions illimitées. Dérangés là dedans par les voies que le malencontreux civilisateur ouvrait à tout propos sous leurs pieds et sur leurs têtes, ils l’accusèrent naturellement d’avoir gâté ce qu’ils aimaient. Certains étaient devenus jaloux, j’en ai peur, en lui