Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/321

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là mon oncle. Et vous le transperçâtes, sans

doute, avec la canne de votre parapluie ?

— Pas tout à fait, dit le chanoine ; je me contentai de frotter ma soutane avec la main, à l’endroit où il m’avait touché, comme pour essuyer l’empreinte de ses doigts, et je lui dis avec un superbe dédain :

<t — Monsieur Dinot, soyez assez bon pour m’épargner votre contact. Je ne veux de contact qu’avec votre lame.

« — Fichtre ! fit le père Dinot, je ne vous croyais pas si brave ; vous avez donc marché ce matin sur le vieux sabre de votre beau-frère le gendarme ?

« Dinot me fit traverser une cour étroite et longue, semblable à une allée. Sur la neige dont la terre était couverte, je remarquai une traînée de sang dont les gouttes se groupaient en larges taches, là où sans doute s’était arrêté, pour reprendre haleine, un homme qui portait un cadavre. A l’extrémité de cette allée s’ouvrait une petite porte ronde, noire comme la porte d’un caveau sépulcral. Dinot me fit passer par cette porte. Il eut même la politesse de me céder les honneurs du pas.

« La pièce dans laquelle je me trouvais ne recevait de jour que par la porte. D’abord je ne distinguai rien ; mais, lorsque mes yeux se furent un peu habitués à ce crépuscule, j’aperçus, pendant du plancher jusqu’à terre, quelque chose de hideux, d’informe, de mort, que recouvrait un linge blanc, mais ensanglanté. Je