par voie d’opposition en quoi consiste l’éloquence véritable et naturelle, celle qui vient du cœur et ravit la sympathie d’un auditoire.
Il termine son Lexiphane par des réflexions pleines de justesse et de bon sens sur les moyens de se perfectionner le goût et, le style[1]. « Si tu veux, dit-il, mériter de sincères éloges pour tes écrits et te faire bien venir du public, fuis tout cet attirail de mots et prends-le en dégoût. Commence par les bons poëtes : quand tu les auras lus sous la direction de tes maîtres, passe aux orateurs, et nourris-toi de leur style ; il sera temps alors d’arriver aux œuvres de Thucydide et de Platon, après t’être exercé par la lecture de l’aimable comédie et de la sévère tragédie. Lorsque tu auras cueilli comme autant de fleurs toutes les beautés de ces ouvrages, tu seras quelque chose dans l’éloquence ; mais aujourd’hui tu ressembles, sans le vouloir, à ces vases que les potiers fabriquent pour le marché : au dehors, tu es peint en rouge et en bleu ; au dedans, tu n’es qu’une argile cassante. Si tu suis mes avis, si tu veux accepter quelque temps le reproche d’ignorance, et si tu n’as pas honte de recommencer ton éducation, tu pourras, en toute assurance, t’adresser à la multitude ; on ne te rira plus au nez, comme aujourd’hui, et tu ne seras plus la fable des gens instruits qui, par moquerie, te nomment grec et attique, lorsque tu ne mérites pas même d’être mis au rang des barbares lettrés. Avant tout, retiens bien ceci. N’imite pas les mauvais exemples des sophistes qui nous ont précédés depuis peu ; ne te repais point, comme tu le fais, de leurs inepties ; au contraire, fais-en litière, et rivalise avec les anciens modèles. Ne te laisse pas charmer par les fleurs passagères du langage ; mais, à la manière des athlètes, fais usage d’une nourriture solide ; surtout sacrifie aux grâces et à la clarté. »
Je crois inutile d’insister sur le Pseudosophiste de Lucien, traité technique plus grammatical que littéraire ; mais il me semble, si je ne me fais illusion, qu’en suivant exactement
- ↑ Lexiphane, 21 et 22.