à supporter ! Que d’affaires sur les bras ! Que de soucis m’accablent ! D’abord, il est nécessaire que je veille sur la besogne des autres dieux qui gouvernent avec moi quelque partie de mon empire, afin qu’ils ne négligent pas leurs devoirs ; puis viennent mille affaires que je dois faire par moi-même, et que leur minutie rend presque impossibles. En effet, quand j’ai vaqué aux soins de la haute administration, dispensé et réglé les pluies, les grêles, les vents, les éclairs, je ne suis point encore tranquille ni délivré des occupations qui m’incombent : il faut encore que je m’y astreigne, que je jette les yeux de tous les côtés à la fois, que j’examine tout, comme le berger de Némée[1], les voleurs, les parjures, les sacrificateurs, si l’on fait une libation, d’où vient l’odeur de la graisse, par où monte la fumée, qui m’appelle, un malade ou un matelot ? Mais le plus fatigant, c’est, dans le même moment, d’assister à une hécatombe à Olympie, de regarder des combattants à Babylone, de grêler chez les Gètes et de banqueter chez les Éthiopiens. Encore n’est-il pas aisé de se dérober par là aux reproches.
Les dieux peuvent dormir durant la nuit entière[2]
Ainsi que les guerriers au panache ondoyant ;
Mais, moi, le doux sommeil fuit loin de ma paupière,
Et Jupiter ne peut reposer un instant.
J’ai l’esprit et le cœur en proie aux noirs soucis[3]
[3] Je demanderais donc volontiers à ces philosophes, qui prêtent aux dieux un bonheur imaginaire, s’ils pensent que nous