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LE MAL DES ARDENTS

d’un admirable talent. Bernard regretta de ne pouvoir assister à tout le concert et s’en alla avec peine. Quand Vassal eut achevé, François le rejoignit dans le petit salon où il s’était retiré. Le musicien l’embrassa, salua Angèle, Reine, Eugénie et Noë, caressa les enfants ; puis il leur présenta sa femme.

Balbine Vassal était une femme assez petite, sensiblement du même âge que son mari mais à laquelle les teintures et les artifices conféraient une extraordinaire apparence de jeunesse. Elle avait de beaux yeux dont le regard suspect dévêtait les hommes ; le visage était assez brut, portait un grand nez qui en faisait le caractère et lui donnait une sorte de laideur sensuelle. Une croupe massive faisait deviner sous les jupes le muscle infatigable des impudiques.

On devinait que derrière son front étroit devaient rouler des combinaisons de stupre et d’argent en volutes fumeuses où s’enivrait sa pensée. L’impureté flambait autour d’elle en silence.

— Elle a de l’allure, cette petite femme, dit Noë, quand ils l’eurent quittée.

— Elle me répugne, dit Angèle.

— Bah ! reprit la douce madame Rabevel, elle ne paraît pas très vertueuse, bien que nous ne puissions rien assurer. Mais sa conduite ne nous regarde pas ; il est certain qu’elle a un genre étonnant.

— Je ne la voudrais pas en contact avec mon mari, dit