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LA FIN DE RABEVEL

Eugénie en regardant amoureusement Noë qui fit semblant de se rengorger.

— Pourquoi ? N’êtes-vous pas sûre de son amour et de sa fidélité ? Eh bien ! alors ? Moi, je vous avoue que je la recevrais chez moi sans rien craindre… Qu’en pensez-vous, Angèle ?

— Je ne sais pas, répondit la jeune femme qui tremblait.

Elle commençait déjà de redouter les attaques de Rabevel. Comment allait-il la provoquer ? Mais Bernard ne parut pas s’occuper d’elle. Il se borna à venir visiter avec Reine l’appartement préparé pour la jeune femme. Angèle fut confuse du désir évident de somptuosité et de largesse qui avait présidé à l’aménagement : meubles, tentures, vaisselle, linge de maison, tout avait été choisi avec un goût parfait et sans nul souci de la dépense. Elle voulut remercier Rabevel :

— C’est Reine que vous devez remercier, je ne me suis occupé de rien.

— C’est vrai, fit la jeune femme ; il s’est borné à me donner carte blanche et à me dire d’agir comme pour moi.

— Comme je vais me plaire là-dedans avec mon petit Olivier !

— Tu vas m’y oublier, dit François, taquin.

Elle rougit. Bernard paraissait n’avoir pas entendu. Elle se souvint de la tactique qu’il avait employée lors de son précédent voyage à Paris ; mais elle ne craignait plus ce