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LA FIN DE RABEVEL

— Tiens, j’ai appris hier qu’à la suite du retrait de ma plainte, Vassal venait d’être relâché.

— Ne craignez-vous rien de lui ? demanda Noë.

— Que pensez-vous qu’il puisse faire ? fit Rabevel sincèrement surpris. Quoi ! Sa femme le quitte pour un autre ; c’est la logique de l’amour. Il n’y a qu’à accepter philosophiquement sa destinée.

— Qui, à sa place… » commença Isabelle qui se tut brusquement. Rabevel avait compris. Oui, à la place de Vassal, évidemment, il n’aurait pas laissé la trahison impunie. Mais Vassal n’avait pas la passion d’un Rabevel. Et puis il y avait la crainte du gendarme. Et puis, après tout… Il exprima son fatalisme, d’un geste.

Quand Olivier prit la mer quelques heures après, il eut le sentiment soudain que le faisceau magnétique qui l’attirait à la rive l’y ramènerait quelque jour. Sur le quai, tremblait un groupe passionné. Angèle souffrante avait dû rester à Paris. Mais Isabelle était là, toute pâle, qui déchirait son mouchoir de ses dents. Balbine, éplorée, agitait une écharpe sous l’œil de son amant. Le voilier n’avait point quitté la rade que Marc souhaitait déjà revoir cet ami si différent de lui-même et si tendrement aimé.

Noë, plus que jamais sensible aux passions que déchaînerait le retour du vaisseau, le vouait aux vents contraires. Déjà le remorqueur avait abandonné le voilier dont toute la toile se gonflait et Olivier observait encore dans sa jumelle le groupe minuscule où s’agitaient tant de senti-