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LE MAL DES ARDENTS

telle tête de fer ; instinctivement elle attira l’enfant à elle.

Tout le monde se mit à rire.

— Quel joli geste de lionne blessée, fit Reine.

— Et quel joli groupe, dit Eugénie, ce serait dommage de le disjoindre.

— Eh bien ! je garde le groupe, conclut Bernard en riant ; ou vous toute seule, si vous aimez mieux ; vous savez que je vous préférerais encore à votre fils.

Elle eut la force de répondre sur le même ton badin :

— Tant pis pour vous, il est trop tard ; il fallait me dire cela quand je vous embrassais par force, rue des Rosiers.

On se levait. Il lui dit vite et bas :

— Tu aimes encore être prise par force ?

Elle lui tourna le dos, rejoignit Reine qui fit des exclamations :

— Par exemple ! Voilà Madame Régis qui a peur qu’on lui enlève son Olivier. Si ! Si ! C’est certain ! J’avais fini par suivre ton conseil, Bernard, et mettre dans deux chambres séparées la mère et l’enfant. Tous deux trouvaient cela très bien. Maintenant, ça ne va plus ? Enfin, à votre guise.

— C’est d’elle-même, se dit Bernard, c’est d’elle-même qu’elle a peur.

Rentré à son bureau quelques instants après, il écoutait les explications de Mauléon en prenant des notes avec son attention habituelle : « Tout ça n’est pas très brillant, conclut-il. Et que comptez-vous faire ? »