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LA FIN DE RABEVEL

aux intervalles où la lune dégagée un instant des nues y pouvait baigner sa lumière. « Quelle température étouffante ! » murmura Rabevel. Il se dévêtit entièrement, passa sa robe de chambre sur son corps nu. Il ne se sentait pas à l’aise, nerveux et mal disposé au sommeil. Il fit quelques pas de long en large, revint à la fenêtre, attendant il ne savait quoi. Enfin, il entendit le murmure de prières qui l’avait tant frappé à son premier séjour ; il en fut irrité, ferma la croisée. « Elles m’agacent, ces bougresses, avec leurs mômeries », fit-il de mauvaise humeur. Il s’allongea sur son lit, mais les paroles de nouveau lui parvinrent après un instant : « Étoile du Matin… Maison d’Or… » Elles lui furent vraiment insupportables : « Ah ! non, dit-il, faisant un retour sur lui-même, alors quoi ? Je deviens neurasthénique ? » Mais ces mots bourdonnants le cernaient toujours. Il eut l’idée de quitter la chambre, de descendre. « Non, voyons. » Il sortit pourtant sur le palier, arriva jusqu’à l’escalier ; mais les prières y avaient encore meilleur accès, montaient plus claires avec une sorte de tranquillité paisible et familiale. Il se jugea ridicule, pensa à retourner chez lui ; puis il eut l’idée, ou plutôt il crut avoir l’idée d’une farce, il ne voulut pas se sonder davantage et entra tout doucement dans la chambre d’Angèle. Il y avait derrière la porte un immense placard rempli de robes : il s’y logea tant bien que mal et attendit.

Ce fut seulement lorsque le pas de la jeune femme résonna dans l’escalier qu’il prit conscience de l’acte qu’il