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LE MAL DES ARDENTS

L’homme inquiet hocha la tête.

— J’ai aussi, dûment recueillies, signées et légalisées, les dépositions des fournisseurs, de la cantinière, du contremaître et de quelques ouvriers établissant d’une manière irréfutable la nature de vos agissements.

L’avocat se sentit tout à fait gêné.

— J’ai enfin un rapport me donnant le détail de vos négociations récentes avec Mulot et Blinkine, avec certains membres du Conseil Général, etc. Cette trahison imprudente ne témoigne pas en faveur de votre intelligence. Elle me décide à me servir de mes armes. Je vous ai invité à venir me voir pour vous annoncer que j’allais porter plainte contre vous. Vous allez être brisé, mon garçon, comme du verre.

Maître Fougnasse s’écria avec agitation :

— C’est un chantage que vous préparez !

— Attention, répondit Bernard avec calme, il y a dans l’antichambre un Corse capable de vous faire dégringoler deux étages le cul sur les marches. Mesurez donc vos expressions.

L’avocat fit un geste découragé.

— Allons, à quoi cela vous servira-t-il de me faire mettre en prison ?

— À me débarrasser de vous pour toujours. N’est-ce pas assez, cela ? Vous conseillez Blinkine et Mulot, vous me jetez ces deux acolytes dans les jambes, fort adroitement et opportunément je le reconnais ; et, ayant le moyen