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LE MAL DES ARDENTS

comment ? » Il sentait comme une sorte de présence faire le tour des cellules de son cerveau, frapper à chacune, mendiant une aide ; quelques-unes s’émouvaient, enregistraient la chose, déclaraient qu’elles allaient mûrir tout cela dans le silence ; la ronde intérieure s’acheva : les serviteurs intérieurs préparaient ce qu’ils avaient à faire. Puis, une autre préoccupation se fit jour : Qui pouvait aider Bernard ? des figures et des figures défilèrent qu’il récusait ou rangeait auprès de lui ; des amis, des indifférents, des parents, Noë, et, tout d’un coup, Blinkine et Mulot ; il rit tout haut dans son sommeil : « Eh ! pourquoi ne m’aideraient-ils pas s’il plaît à Dieu ? » Ce mot de Dieu retentit soudainement en lui et le réveilla net, en sorte qu’il lui sembla encore l’entendre se répercuter d’écho en écho dans l’abîme intérieur. L’impression tut telle qu’il ne se reconquit pas tout de suite ; puis il se dit : « C’est un bruit extérieur, on a marché ». Enfin il se demanda : « Où suis-je ? » Il perçut un souffle, réfléchit longuement : « Petite Angèle », dit-il tendrement à mi-voix. Et enfin il se rappela ; il se leva tout de suite grelottant d’horreur, s’agenouilla devant le lit en murmurant de tout son cœur un acte de contrition, se rhabilla à tâtons et descendit dans la rue sur la pointe des pieds. Il était une heure.

— jamais Notre-Seigneur ne me pardonnera, marmonnait-il en regagnant l’hôtel, jamais, jamais. Je retomberai donc toujours dans mon vomissement ». Il dit, en marchant, sa prière avec ferveur. « Ah ! je puis en tenter des affaires