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Page:Lucien Fabre - Rabevel ou le mal des ardents Tome I (1923, NRF).djvu/176

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LE MAL DES ARDENTS

mes devoirs religieux ; j’ai également mes opinions politiques arrêtées. Mais dans mon travail je ne pense qu’à mon travail. Et, en dehors de lui, j’ai assez à faire en m’occupant de mes deux aînés que j’instruis moi-même car j’ai trois enfants dort l’un en bas âge.

— Tout cela est très bien, dit Bernard avec une nuance de bienveillance. Allons voir vos livres.

Il passa le reste de la matinée avec Georges. Il avait oublié tout le monde. Enfin ! il se trouvait pour la première fois, depuis les expertises où il avait aidé le Frère Manine, en contact avec une comptabilité pour de bon, une grande comptabilité d’entreprise avec toutes sortes de comptes où, à chaque article, à chaque fond de page, se pouvaient être embusqués les erreurs et les détournements ; et il s’y mouvait avec une aise et une joie sans bornes. Le chef comptable avait vite vu à qui il avait affaire ; très épris de son métier, il était ravi d’accueillir un homme compétent : « À la bonne heure, se disait-il, celui-ci n’est ni banquier, ni ingénieur ; il sait exactement comment circule l’argent dans la boutique ; il ne l’attend ni à l’entrée ni à la sortie ». Les remarques de Bernard le frappèrent ; ce jeune homme indiqua quelques perfectionnements, quelques simplifications à apporter, lui démontra la nécessité de tenir à jour certaines statistiques, établit devant lui à l’aide des éléments comptables une série de prix de revient, rendit apparents les coefficients cachés de l’entreprise, détermina des graphiques que Georges reconnut aussitôt indispensables