arrivait avec le cadet ; les femmes mi-souriantes, mi-furieuses atteignirent la poële pour sauter une omelette supplémentaire et le brave vieux Jérôme fit quelques pas au devant de ses hôtes.
— Voyez que j’ai encore de bons yeux, Monsieur Lazare ? Je vous ai reconnus de loin.
— Et parmi cette foule qui sort des ateliers.
— Cela, ça m’aurait plutôt aidé, s’il faut dire vrai ; car, vous tranchez, tout de même, au milieu de tous ces Galiciens.
— Je crois en effet que la majorité de ces gens sont des étrangers.
— Des étrangers ! il n’y a que de ça ; c’est bien simple, il n’y a que de ça. Ah autrefois, ce n’était pas pareil. Entre nous, pour cette chose là, l’Empire avait du bon ; la République laisse faire ; qu’est-ce que vous voulez ? il est vrai, au fond, que tous les hommes sont frères.
— Et les Prussiens ? demanda Noë en riant.
— Ah ! ceux-là, fit le vieux qui cracha avec dégoût, tout ce que vous pourrez me dire c’est de la sciure et des copeaux ; on ne me tirera pas de l’armoire qu’ils sont d’une autre fabrique que nous.
— Mais non, mais non, dit Lazare ; ils sont moins avancés sur le chemin du progrès moral, voilà tout ; à nous de les civiliser comme nous civiliserons ces Pollaks.
— Bien sûr, bien sûr, chacun son idée, pas vrai. Mais pour les Pollaks, ils ne font pas grand mal. Ça travaille