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LE MAL DES ARDENTS

et c’est assez tranquille ; on n’en souffrirait pas trop sauf que c’est sale, que ça pue et que ça fourre de la vermine partout où ça pose l’équerre. Montons dîner.

Ils suivirent le couloir obscur et prirent l’escalier fort raide en s’aidant de la corde qui servait de rampe. La mère Rabevel, sur le palier, élevait au-dessus de sa tête la grosse lampe à pétrole ornée de fleurs.

— Heureusement que vous savez où vous venez, dit-elle à l’invité. On se croirait dans la caverne d’Ali Baba quand on entre dans ce couloir.

— Mais je connais le mot qui donne le jour, répondit le maître d’école. Sésame, ouvre-toi !

Rodolphe Rabevel de l’intérieur de la cuisine ouvrit en effet la porte en riant et le père Lazare s’écria :

— Je reconnais les aîtres. Rien de changé. Plus de quarante ans que je suis venu ici pour la première fois, avec vous, Jérôme. J’avais dix ans et vous en aviez vingt-cinq. C’était tout pareil. Vous vous rappelez.

— Si je me rappelle ? C’était à la veille des journées, foutre ! Ah ! ah ! les ébénistes du faubourg Antoine…

— Saint Antoine, dit la mère Rabevel.

— Antoine, répéta le vieux en clignant un œil pétillant. (Ça ne peut pas faire de bonnes républicaines, ça aime trop les messieurs prêtres, ces bougresses de femmes, pétard de sort ! Mais c’est une citoyenne qui n’en craint pas pour vous tenir une maison et la belle-fille, c’est pareil). Je disais donc que les ébénistes du faubourg