Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/23

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jaunes, coiffé d’un haut bonnet blanc, enveloppé d’une robe de ratine blanche, se promenait de long en large, muet et sombre. La comtesse soupirait par intervalles et Lucile n’osait faire un mouvement. Dans ce grand silence battait le cœur le plus agité qu’un sein de femme ait jamais renfermé. Cette chaste, cette fière Lucile exaltait dans la solitude son imagination déjà pleine de beautés et de troubles. M. de Chateaubriand prenait son chandelier d’argent, tendait à sa femme et à sa fille sa maigre joue, et s’allait coucher ; alors Lucile accueillait en liberté ses fantômes familiers.

IV

Son frère René, qui avait appris un peu de latin et de mathématiques à Dol, à Rennes et à Dinan, lui revint grandi, plein de pensées nouvelles, et animé de toutes les ardeurs de l’adolescence.

Lucile était devenue très-belle ; son cou, débarrassé du collier de fer qui le soutenait autre-