Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/48

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descriptifs. Jeune disciple de Bernardin de Saint-Pierre, il ne savait pas ce qu’on faisait dans les villes ; il apprit tout à coup qu’on y faisait la Révolution. Ce vieux monde qui croulait avec la monarchie, c’était le sien. Il partit pour l’émigration, et, comme Chateaubriand, s’enrôla dans l’armée des princes. Après une double campagne, il fut jeté, avec les débris de l’armée royale, sur les glaces de la mer du Nord. Licencié par la défaite, il se rendit à Hambourg, où il connut Rivarol, dont la conversation brillante et froide lui fit l’effet d’un feu d’artifice tiré sur l’eau. Le malheur fut que Rivarol donna au jeune émigré une idée de poème, une de ces idées à la Roucher et à la Saint-Lambert qui traînaient alors dans l’air des salons. — Faites un poème de la nature, lui dit Rivarol. Ainsi fut conçu le Génie de l’homme, poème en douze chants, dont les alexandrins insipides commencèrent à s’aligner, et un petit Apollon