Page:Lucile de Chateaubriand, ses contes, ses poèmes, ses lettres.djvu/49

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rustique ne vint point tirer l’oreille à l’enfant normand qui, au lieu de chanter les moissonneurs du val de Vire, exposait en vers le système de Copernic. Non, il n’avait point en lui de démon pour l’avertir ; il obéissait sans révolte ; il était né disciple et ne savait que changer de maître. C’est ainsi qu’il tomba de Rivarol en Klopstock. Quand il vit le vieil épique, dont la figure ridée souriait avec douceur, il crut voir un Dieu, et resta accablé. Le bonhomme, pendant cette visite, échenillait ses pruniers. Chênedollé quitta Hambourg et se rendit en Suisse, où il connut Mme de Staël. Il rentra en France en 1802, et rencontra à Paris Chateaubriand qui revenait d’Angleterre. Les émigrés rentraient peu à peu dans leur patrie et ne se cachaient plus. Un faux nom suffisait pour endormir la loi déjà caduque.

Chênedollé et Chateaubriand ayant tous deux servi dans l’armée de Condé,

Tecum Philippos et celerem fugam…


se sentant même goût pour la poésie, se