Page:Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/621

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les productions de la terre y sont savoureuses, excepté le miel, qui y est de mauvaise qualité. Elle abonde en bois de construction, etc., etc. Sa splendeur et ses richesses étaient portées au plus haut degré, du temps de l’expédition des Argonautes.

Le Phase, dit Strabon, xi, prend sa source dans les montagnes de l’Arménie ; il traverse ensuite l’Ibérie, où il fait de vastes circuits. Son cours est traversé par 120 ponts. C’est à travers une vallée profonde qu’il s’échappe avec violence et rapidité dans la Colchide. Dans le pays plat, il reçoit entre autres fleuves, le Glaucus et l’Hippus ; après cette jonction, son cours devient navigable jusqu’à l’Euxin. Selon les voyageurs modernes (Güldenstaedt, t. i, p. 393 ; Reineggs, t. ii, p. 35), les véritables sources du Phase sont dans le pays des Soanes, peuple qui habite les hautes montagnes du Caucase : il est appelé par les indigènes Péhas, et après avoir reçu le grand fleuve Quirilas, prend le nom de Rion (le Ρέων de Procope), et se jette dans la mer Noire, près de la ville de Roti.

Du temps de Pline, il était navigable pendant 38,500 pas, et il était encore coupé par les 120 ponts signalés par Strabon. Il n’est plus navigable aujourd’hui, et il n’y reste qu’un seul pont, encore en très-mauvais état, (Güldenstaedt, t. i., p. 316). Strabon, xi, ajoute que sur les bords du Phase, dans le pays des Mosches, il existait un temple et un oracle de Leucothoé, établis par Phrixus, où il n’était pas permis d’immoler des béliers. Ce temple, qui contenait de grandes richesses, fut pillé d’abord par Pharnace, et ensuite par Mithridate de Pergame. Arrien dit que tous les navires faisaient eau au Phase, sur l’opinion que l’eau de ce fleuve était sacrée, ou parce qu’elle était la meilleure du monde. Les faisans y sont plus gros, plus beaux et d’un goût plus exquis qu’en aucun autre pays. Martial dit, xiii, Carm. 72., que les Argonautes apportèrent les faisans dans la Grèce, et que ces oiseaux y reçurent le nom de faisans, de ce qu’ils avaient été pris sur les bords du Phase.

v. 205. Orte nivali... Arcados. Parce que Calisto, nymphe d’Arcadie, avait été placée dans le ciel, sous le nom de constellation de la grande Ourse.

v. 276. Utrimque cremandis. C'était la coutume chez les anciens de demander aux ennemis un ou deux jours de trêve, pour enterrer les morts. Mais celui qui faisait le premier cette proposition, avouait sa défaite, et son adversaire élevait un trophée.


v. 328. Qua Circæi plaga. Les champs Circéens avaient pris leur nom de Circé, fille du Soleil, et sœur d’Éétès. Cette plaine ou cette plage de Circé était destinée à la sépulture des habitants de Colchos.

v. 333. Lustrantia flumina. Médée allait, à la suite d’un songe menaçant, se purifier dans le Phase. C’était une coutume religieuse établie chez les anciens. On expiait même un bon songe par des lustrations, sous prétexte, dit Servius, ad Æneid., viii, v. 67, que le sommeil de nuit est une souillure.

v. 345. Sicula sub rupe. Enna était un vaste plateau, sur une montagne assez élevée de la Sicile.

v. 349. Cum lumine, tædæ. Les flambeaux, même en plein jour, étaient nécessaires aux lustrations ; on employait tour à tour l’eau, le feu, et diverses plantes. Souvent même on y joignait le soufre.

v. 419. Ut prima Sesostris. Strabon, xvi, regarde comme un fait constant l’expédition de Sésostris en Colchide et dans le nord de l’Europe orientale. Sésostris, dit Diodore de Sicile, i, c. 55, passa le Gange, parcourut l’Inde entière jusqu’à l’Océan, et la Scythie jusqu’au Tanaïs. On dit que ce fut alors que des Égyptiens, laissés par ce prince autour du Palus-Méotide, fondèrent la nation des Colchidiens. Pline, xxxiii, c. 15, assure que Sésostris fut battu par les Colchidiens. Hérodote, ii, c. 103 et 104, dit qu’il ne saurait affirmer si Sésostris laissa en Colchide une partie de son armée, pour la cultiver ; ou bien si quelques-uns de ses soldats, ennuyés de la longueur de ses expéditions, s’y établirent d’eux-mêmes sur les bords du fleuve. Il ne dit rien d’ailleurs de cette défaite de Sésostris, lequel en définitive, et au témoignage du même historien, passa d’Asie eu Europe et subjugua les Scythes et les Thraces.

v. 430. Flebant populeæ. L’Éridan, dit Heyne, Opusc. Acad., t. v, p. 44, est un fleuve fabuleux adopté par les anciens poëtes, et que ceux qui sont venus après ont pris faussement pour le Pô).

v. 432. At juga vix Tethys. Telle n’était pas précisément la fonction de Téthys. Elle recevait en effet le Soleil quand il se couchait dans la mer d’occident, mais elle ne soignait pas son char et ne rassemblait pas ses chevaux dispersés. Ovide au contraire, Métam., ii, v.398, et Lucrèce, v, v. 402, attribuent ces fonctions au soleil lui-même.

v. 447 à 455. Deficit in thalamis. Tous ces tableaux se rapportent à l’histoire de l’abandon de Médée par Jason, et au mariage de celui-ci avec Créuse, fille du roi de Corinthe. Il paraît au reste que c’est d’après l’inculpation d’Euripide que Médée est restée chargée du crime d’avoir égorgé ses enfants. « Du temps de Philippe, dit Barthélémy, Voy. d’Anach., iii, c. 37, on voyait encore à Corinthe le tombeau des deux fils de Médée. Les Corinthiens les arrachèrent des autels où cette mère infortunée les avait déposés, et les assommèrent à coups de pierres. En punition de ce crime, une maladie épidémique enleva leurs enfants au berceau, jusqu’à ce que dociles à la voix de l’oracle, ils s’engagèrent à honorer tous les ans la mémoire des victimes de leurs fureurs. C’est le poëte Euripide qui, s'étant laissé gagné pour 5 talents (27,000 fr.), qu’il reçut des magistrats de cette ville, écrivit le premier que Médée les avait égorgés elle-même. D’ailleurs, un ancien usage prouve que les Corinthiens furent coupables ; car c’est pour rappeler et expier leurs crimes, que leurs enfants doivent, jusqu’à un certain âge, avoir la tête rasée et porter une robe noire. »

v. 458. Absyrtus. Absyrte était, suivant Apollonius, iii, v. 242, fils d'Éétès et d'Astérodie, nymphe du Caucase, et il était né avant le mariage d'Éétès et d'Idya. L’opinion d’Apollodore et d’Ovide était que Médée avait elle-même tué Absyrte, et l’avait coupé en morceaux, pour retarder son père dans sa poursuite.

v. 478. Namque idem Cretheus. Voyez sur la généalogie de Jason la note du vers 29 du livre i. Salmonée était père de Tyro, laquelle fut femme de Créthée et mère d’Éson. Avant son mariage avec Créthée, Tyro avait eu de Neptune Pélias et Nélée, père de Nestor. Voyez Homère, Odyss., ch. xi.

v. 485. Creantia divos. En effet, la Thessalie est le pays de la Grèce le plus fertile en héros et en divinités. Là naquirent Esculape, Mnémosyne et ses neuf filles, Pélias, Admète, Achille, etc., etc. Ferax terra deorum, dit Sénèque.

v. 489. Sthenelo. Ce Sthénélus était fils de Persée : il ne faut pas le confondre ni avec le Sthénélus, fils d’Actor et frère de Ménétius, ni avec le Sthénélus, ami de Diomède et fils de Capanée.

v. 541. Namque virum trahit ipse chalybs. C’est la traduction littérale de ce beau vers de l’Odyssée, xix, v. 13 :

…αὐτὸς γὰρ ἐφέλκεται ἄνδρα σίδηρος.

v. 591. Dives Aron. Le poëte ne dit pas de quelle na-