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Page:Lucrèce - De la nature des choses (trad. Lefèvre).djvu/124

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DE LA NATURE DES CHOSES

Pour opposer à tout d’égales résistances,
Doivent céder plus vite aux masses les plus denses.
Mais le vide, à quel poids, en quel temps, en quel lieu,
Pourrait-il résister ? C’est un libre milieu
Par où l’atome court où son destin le guide.
La masse est annulée ; et l’impassible vide
Aux poids les moins égaux livre un passage égal.
Jamais donc les plus lourds, de leur choc vertical
Frappant les plus légers, n’engendreront les causes
Des mouvements divers qui produisent les choses.

Il faut donc revenir à la déclinaison,
Au moindre écart possible admis par la raison,
Si subtil, en tous cas, que jamais il n’implique,
L’évidence le nie, une descente oblique.
Nous voyons par leur poids tous les corps tendre en bas
Autant qu’il est en eux. Mais ne peuvent-ils pas,
(Quel regard assez fin de si près les inspecte ?)
Dévier tant soit peu de la ligne directe ?

Enfin, si, l’un à l’autre à jamais enchaînés,
260Toujours des chocs anciens les chocs nouveaux sont nés,
Si nul écart ne rompt ce pacte d’esclavage
Et n’ouvre au mouvement quelque secret passage
Dans le cercle infini qui domine et contient
La marche des effets et des causes, d’où vient
Que l’animal échappe au fatal équilibre ?
D’où vient, dis-je, aux humains, cette volonté libre
Qui les guide, arrachée à la fatalité,
Vers le but qu’au désir marque la volupté ?