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Page:Lucrèce - De la nature des choses (trad. Lefèvre).djvu/20

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XIV
PRÉFACE

« Que le juif Apella le croie ; non : je sais que les dieux coulent en paix leurs jours, » securum agere œvum, l’emprunt est textuel. « Je sais que si la nature opère quelque merveille, ce ne sont pas les dieux qui ont pris la peine de nous l’envoyer du haut de la voûte céleste » .

Ovide, en ses Métamorphoses, peint son Chaos de couleurs Lucrétiennes ; il se demande « si c’est Jupiter ou les vents qui tonnent ». Et dans les Fastes : « Heureux les génies qui, les premiers, connurent ces mystères, et qui tentèrent de s’élever en ces régions célestes ! »

Properce réserve à sa vieillesse l’étude de la nature ; il se promet de chercher si le serpent vengeur siffle sur la tête de Tisiphone, ou si l’enfer n’est qu’une fable imposée à la crédulité misérable, et s’il n’est plus de crainte au delà du bûcher. Et voici le faible Tibulle qui, une fois, interrompt sa plainte amoureuse, pour songer au grand problème : « Qu’un autre dise l’ouvrage merveilleux de ce vaste monde ! » Il est vrai qu’au moins dans le sens vulgaire et faux du nom, Tibulle était un épicurien pratique : « un porc du troupeau d’Épicure, », a dit Horace en riant.

Puis vient Sénèque le Tragique, qui, en vers admirables, bien que mal placés, porte au théâtre le résumé des idées de Lucrèce sur la mort. Stace dans une pièce des Silves, Claudien même dans son Enlèvement de Proserpine, introduisent des réminiscences du De natura. La conception d’Épicure, est devenue un lieu commun, une matière à amplifications.