ciel, elle ose monter la colline où peu se hasardent… Oh ! si la sagesse m’admettait dans la haute demeure d’où l’on peut contempler au loin de par le monde les agitations humaines ! » Passage directement inspiré de Lucrèce. Et l’on peut en dire autant de ce tableau tracé par Virgile dans son Silène :
Car il disait comment, aux profondeurs du Vide,
L’eau, la terre et le souffle, et la flamme liquide,
Germes premiers unis en concours créateur,
Ont du mol univers condensé la rondeur ;
Comment, libre des mers en leurs plages encloses,
Le limon affermi prit les formes des choses ;
La stupeur des mortels devant l’astre des jours ;
Par la chute des eaux les nuages moins lourds ;
Les bois perçant la terre, et l’homme rare encore,
S’aventurant sans route aux cimes qu’il ignore.
« Le plus grand poëte de Rome ; déjà parvenu à la gloire, se montre devant Lucrèce aussi humble » que le débutant du Ciris. Qui ne connaît le divin passage des Géorgiques : « Puissent d’abord m’accueillir les muses, mes plus chères délices, elles que je sers, pénétré d’un immense amour ! Qu’elles m’enseignent la marche des astres et les routes des cieux !… Ah ! si je ne puis aborder ces mystères de la nature, si la froideur de mon sang enchaîne mon génie, au moins me plairai-je aux campagnes, aux eaux qui fuient dans les vallées. Fleuves, forêts, je vous aimerai sans gloire ! Heureux qui put connaître les causes ! qui sous ses pieds jeta les terreurs et l’inexorable destin, et le vain bruit de l’Achéron avare ! »
Les souvenirs de Lucrèce abondent chez Horace :