Dont les nocturnes jeux, les amours et les rires
Troublent la profondeur du silence des bois !
Et la corde résonne, et, sous d’agiles doigts,
La flûte par ses trous répand sa tendre plainte ;
Et les gens d’alentour n’entendent pas sans crainte
Pan, le dieu demi-bouc, secouer les rameaux
Qui couronnent son front et, sur ses chalumeaux
D’où l’agreste chanson coule ininterrompue,
Promener le baiser de sa bouche lippue !
Cent prodiges pareils trouvent accès chez eux.
Ont-ils peur que l’on croie abandonnés des dieux
Les déserts où le sort confina leur demeure ?
Ou bien allèguent-ils quelque raison meilleure ?
Le reste des humains, autant que nous sachions,
A toujours eu l’oreille ouverte aux fictions.
Nous étonnerons-nous que la voix se transmette
Au delà de l’obstacle où le regard s’arrête ?
À travers une porte on se parle, on s’entend ;
C’est un fait ; quoi de plus ? Disons qu’il est constant ;
Que l’image se perd dans les détours des pores
Où filtrent sains et saufs les atomes sonores ;
Que son essor exige un chemin plus égal,
Des pores droits et clairs comme ceux du cristal.
Puis, la voix s’éparpille en éclats innombrables,
L’un de l’autre engendrés, l’un à l’autre semblables.
D’une il en jaillit mille ; ainsi de toutes parts
L’étincelle brisée éclate en feux épars !
Et rayonnant au loin, derrière, autour, dans l’ombre,
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LIVRE QUATRIÈME