N’a-t-elle à traverser qu’une mince étendue ?
Nettement, clairement, la voix est entendue ;
Les mots articulés arrivent encor frais,
Conservant leur façon, leurs angles, tous leurs traits.
Mais lorsque la distance excède leur portée,
Ils s’émoussent, la voix s’éraille interceptée
Et se brouille en son vol et se déforme au vent.
Parfois nous l’entendons encore, mais souvent
Sans démêler le sens des syllabes lointaines,
Tant la voix s’est brisée en notes incertaines !
L’édit par le crieur dans le peuple lancé
Dans l’oreille de tous à la fois est fixé.
La voix donc se divise en plusieurs voix pareilles,
Puisqu’elle distribue en des milliers d’oreilles
Des mots avec leurs corps et leur sens arrêté.
Mais ces voix, tant s’en faut, n’ont pas toutes porté ;
Les unes vont dans l’air mourir évaporées,
D’autres, par des terrains ou des monts rencontrées,
Rebondir en éclats retentissants, en cris
Si pareils à des mots que nous y sommes pris.
Tu le vois les échos ont perdu leurs mystères.
Ces noms que l’on entend dans les lieux solitaires
Lorsque le voyageur appelle à haute voix
Ses compagnons perdus dans l’épaisseur des bois,
Sans y rien déranger les échos les répètent.
Pour peu que les coteaux aux coteaux les rejettent,
Le son se multiplie, et je sais des endroits
Qui rendent un seul mot jusqu’à six et sept fois.
Ce sont les chèvre-pieds, les nymphes, les satyres
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DE LA NATURE DES CHOSES