Ce qui sied aux loisirs de la béatitude ;
Ou ceux dont ton appel trouble la quiétude
De leurs fantômes saints vont assaillir ton cœur.
Non que jamais offense atteigne à leur hauteur
Et les puisse altérer de vengeance et de peines :
C’est toi, qui, pensant voir rouler des flots de haines
Dans l’impassible paix des êtres immortels,
Ne pourras plus sans trouble aborder leurs autels,
Ni d’une âme sereine accueillir ces images
Qui, s’échappant vers nous de leurs sacrés visages,
À l’esprit des humains manifestent les dieux.
Vois quelle vie attend le superstitieux !
Pour que la vérité chasse une erreur funeste
J’ai dit, j’ai fait beaucoup déjà ; mais il me reste
À revêtir encor de la grâce des vers
Les combats de la nue et les aspects des airs.
Je vais chanter l’éclair, les effets et les causes
Du tonnerre sonore et des tempêtes, choses
Dont l’ignorante peur fait le secret des dieux.
Je ne veux pas te voir trembler devant les cieux
Et, partout épiant l’annonce d’un prodige,
Noter d’où part l’éclair, où son vol se dirige,
Comment il s’insinue en nos demeures, fend
Les murs, entre vainqueur, et ressort triomphant.
Toi, montre moi la route et le terme où j’aspire,
Où je cours, Calliope ! et daigne me conduire.
Ô repos des humains et volupté des dieux,
Docte muse, permets qu’enfin victorieux,
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DE LA NATURE DES CHOSES