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Page:Lucrèce - De la nature des choses (trad. Lefèvre).djvu/321

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LIVRE SIXIÈME

Cherchant l’issue, errants, tournoyant dans leurs cages,
Tant qu’une déchirure aux parois des nuages
N’a pas lâché dans l’ombre en tourbillons d’éclairs
Les feux intérieurs des fournaises des airs !

Ces rapides clartés d’or fluide imprégnées
Ont leur source au trésor de semences ignées
Par la vapeur céleste au soleil emprunté.
Quand un nuage est pur de toute humidité,
Sur ses flancs étincelle une couleur d’aurore ;
Comment verseraient-ils la flamme qui les dore,.
Sans les germes que l’astre épanche dans leur sein,
220Germes dont le vent presse et condense l’essaim,
Et qui, développant leur force comprimée,
Se déchargent en flots de splendeur enflammée ?
Il peut même éclairer quand des souffles plus doux
Écartent le nuage en sa course dissous.
De la dispersion la lueur se dégage ;
Les atomes de feu tombent, mais sans orage ;
L’éclair n’entraîne plus ni fracas ni terreurs.

Quant à juger ce qu’est la foudre, ses fureurs,
Les marques de ses coups décèlent sa nature.
Ces vestiges noircis où court l’haleine impure
Du souffre, accusent-ils l’air, l’onde, ou bien le feu ?
La foudre est une flamme : elle se fait un jeu
D’allumer brusquement nos toits et de descendre,
Fléau victorieux, dans nos maisons en cendre.
Feu délié, perçant, de feux subtils nourri,
Rien ne peut arrêter ses traits ; comme le cri,