Il ébranle le fer et s’élance avec lui.
Ainsi la pression intime coïncide
Avec tous les efforts qui tendent vers le vide.
On voit aussi le fer s’éloigner de l’aimant
Ou le suivre et le fuir alternativement.
Dans l’airain, je l’ai vu, le fer de Samothrace,
La limaille, s’affole et bondit, si l’on place
Un aimant sous le vase ; à ce point qu’on dirait
D’un véhément dégoût luttant contre l’attrait.
Cet airain s’interpose et rompt la sympathie.
Par ses exhalaisons la place est investie ;
L’aimant déçu trouvant les interstices clos,
Frappe, monte, s’acharne ; et le choc de ses flots
Chasse à travers l’airain la substance infidèle
Qu’il attirait quand rien ne le séparait d’elle.
Ne sois pas étonné que sur les autres corps
La vertu de l’aimant s’émousse. Les uns, forts
De leur poids, tels que l’or, demeurent impassibles ;
D’autres, tels que le bois, percés comme des cribles,
Ouverts sans résistances aux atomes ailés,
Laissent passer leur vol sans en être ébranlés.
La nature du fer est intermédiaire.
Quand les vapeurs du bronze imprègnent sa matière,
Les afflux aimantés, de leurs chemins exclus,
Doivent pousser le corps qu’ils ne traversent plus.
Mais ces affinités, ces rapports de structure,
Ne sont pas à ce point rares que la Nature
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LIVRE SIXIÈME