Allaient, quittant les bords des fleuves des enfers,
Remplir les profondeurs des cavernes des airs ?
Si lugubre est la nuit, si morne est le visage
Que sur nous l’épouvante incline, quand l’orage,
Prêt à lancer la foudre, aiguise les éclairs !…
La lueur bondit, vole et tremble ; c’est le vent
Qui sème ainsi l’éclat de ce reflet mouvant.
Engouffré dans la nue, il la creuse, il s’y roule,
En voûte épaississant les masses qu’il refoule.
Sa rage, l’enflammant, le projette au dehors,
Ainsi le mouvement peut embraser les corps :
Tu vois le plomb rapide en tournoyant se fondre
Sous ce vent échauffé le nuage s’effondre,
Et les germes ignés s’échappent, furieux,
En jets éblouissants qui nous poignent les yeux.
Puis l’oreille est frappée et la voix de l’orage
Éclate ; mais le son est plus lent que l’image.
Les trombes, les pluies, les miasmes délétères, auxquels sont rapportées les grandes épidémies, telles que la fameuse peste d’Athènes (fin du VIe livre), les tremblements de terre, les volcans, les Avernes, ces marécages insalubres où la superstition plaçait l’entrée des enfers, sont tour à tour l’objet de peintures éclatantes et de réflexions ingénieuses.
Lucrèce est loin de soupçonner l’électricité et le magnétisme ; il connaît cependant les effets de la « pierre d’aimant » sur le fer (VI, 906-1080) et s’efforce d’en rendre compte par des affinités et des mouvements moléculaires, auxquels en somme, il faudra toujours revenir.
Un phénomène qui l’a frappé et qu’il comprend très exactement, c’est l’égalité constante du niveau